LE PORTAIL
DE L’AGROALIMENTAIRE
FRANçAIS À L’EXPORT
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L'actu /
lundi 7 décembre 2015
Marion Le Roux est fondatrice de la société AOA food design innovation , basée à Nantes. Elle accompagne des industriels, des PME ou des restaurateurs sur les problématiques liées à l’alimentation, avec une dimension industrielle.
Franceagroalimentaire : Comment la France se positionne sur le design alimentaire par rapport aux autres pays ?
Marion Le Roux : La France a un positionnement qui se veut historiquement prestigieux. La tendance actuelle dans l’hexagone, c’est ce que j’appellerais la nouvelle « street food » dont font partie les food trucks, ces camions qui préparent des burgers ou d’autres mets. Le burger qui était avant à deux euros chez une enseigne mondialement connue, coûte maintenant sept euros, parce qu’il a été pensé autrement et retravaillé à la française. Le but est de valoriser des produits banalisés hors du continent. La Chine et les Etats-Unis sont très demandeurs de ce côté élégance française.
Comment valoriser les produits français dans le secteur du snacking à l’étranger par exemple ?
ML : Concernant le snacking, nous ne sommes pas parvenus encore à exporter la typique blanquette de veau en bouillon sur d’autres territoires. Pourtant, la vente de nos produits de terroir est un succès, tels que le fromage, le vin, etc. Cela signifie qu’il y a une réelle opportunité de valoriser des produits typiquement français à l’étranger. Pourquoi ne pas rendre tendance notre fameuse quiche lorraine ? Ces spécialités ne sont pas encore présentes sur les points de vente étrangers, mais je pense qu’il y a un vrai créneau sur la valorisation des produits typiquement français.
Quelles tendances se dessinent en terme de design alimentaire en France et à l’international, notamment si on parle du packaging ?
ML : Depuis environ trois ans, les consommateurs sont en quête de produits traditionnels, au goût unique et avec une diversité de l’offre. Ils souhaitent une alimentation plus saine, locale et de qualité. « Manger moins, mais plus sain », si l’on résume. L’idée est donc d’arrêter le foisonnement de packaging plastique et de s’orienter vers des créations plus brutes. Cela peut passer par l’usage de feuilles de papier kraft qui donne un aspect « bonne franquette », un concept de l’art de vivre à la française. Quelques boutiques sans packaging émergent à Nantes ou à Paris. Au niveau de la signalétique il faut être le plus simple possible. Les consommateurs recherchent ce qui a du goût mais c’est encore le prix qui dirige l’acte d’achat.
D’où la France tire-t-elle ses inspirations en termes de packaging ?
ML : La France s’inspire beaucoup de ses voisins européens, mais depuis quelques années nous sommes dans une démarche de modernisation des produits typiquement français et il y en a une multitude. Un exemple particulièrement novateur prouve ce changement. La marque « Michel et Augustin », qui a su capitaliser sur le côté « french touch », a bouleversé le rayon biscuit. C’est un vrai référent qui se veut fier d’être français et veut le faire valoir à l’export.
Sur les produits, comment les informations sont-elles mises en avant ?
ML : Les industriels élaborent des recettes ou les synthèses de recettes existantes, avec des produits assez naturels, dans un souci d’honnêteté envers le consommateur. Tout ce qui concerne la technicité et la réglementation, est situé au dos du packaging. La provenance des produits est une indication à ne pas négliger. Les produits locaux ont la cote et savoir qu’un producteur local a participé au produit est un atout pour le consommateur. Il est possible d’associer ce type d’information à un packaging plus authentique par exemple.
Comment revisiter un produit alimentaire existant, non transformé ?
ML : Un exemple intéressant, celui des viandes avec un acteur important des produits carnés, pour lesquelles nous avons été consultées. Bien que la viande ait une image très masculine, nous avons fait l’analyse que ce produit brut pouvait être consommé dans un contexte convivial et festif. Nous en avons déduit qu’il fallait capitaliser sur cet axe festif. Nous avons alors proposé d’introduire ce produit à l’apéritif : quatre types de viandes, présentées en cube ou en lamelle, avec deux sauces. La viande a ainsi, trouvé toute sa place dans les apéritifs, au même titre que les légumes ou les fruits de mers également invités à ces consommations conviviales.
Avez-vous des conseils, ou un retour d’expérience positif à partager aux entreprises françaises ?
ML : Ne pas considérer le design alimentaire comme un simple coût mais comme un réel investissement. D’ailleurs, les autorités françaises soutiennent cette dynamique de l’innovation.